GIEE : Nouveau mode d’agriculture paysanne pour le bien-être de la Réunion
L’APPER a répondu à l’appel à projets du Ministère de l’Agriculture pour être agréée Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental (GIEE). Son projet s’intitule « Nouveau mode d’agriculture paysanne pour le bien-être de la Réunion ». Les domaines d’intervention prévus sont axés sur l’association de différentes cultures sur une même parcelle (produits de terroir, maraîchage, arboriculture, fourrage, plantes aromatiques etc…) et des productions animales en milieu naturel (bétail de races locales, animaux de basse-cour). Les actions et les projets s’appuient sur les pratiques culturelles et les ressources existantes pour la mise en place de stratégies pour un changement de comportement. Les pratiques actuelles des agriculteurs adhérents à l’APPER résultent majoritairement des traditions paysannes relativement autonomes avec peu de charges (intrants, main d’œuvre, bâtiment et matériel).
Par le biais de ce GIEE, l’APPER désire promouvoir le concept de permaculture paysanne, qui n’est autre qu’une déclinaison de l’agroécologie. C’est une méthode agricole économe et autonome, inspirée de la biodiversité naturelle et des pratiques traditionnelles. Comme le faisaient nos ancêtres, elle limite au maximum l’utilisation d’intrants conventionnels (engrais de synthèses, produits phytosanitaires, carburant, eau etc…) pour réduire au maximum la pollution (de l’air, de l’eau et du sol) et vise aussi une production d’une nourriture variée et bio. Ce projet a été déposé en septembre 2015. La candidature de l’APPER a été retenue et l’arrêté préfectoral n°2267 du 18 novembre 2016 porte reconnaissance de l’Association pour la Promotion du Patrimoine et de l’Ecologie à la Réunion en qualité de GIEE.
Le bœuf Moka
L’apparition de cette race est directement liée à notre histoire. Plusieurs vagues d’importation de zébus de Madagascar, de vaches du Yémen, d’Inde, d’Afrique et des Philippines ont conduit à l’émergence d’un bœuf résistant, adapté au climat de la savane de l’Ouest. Ce bœuf est alors omniprésent dans la culture réunionnaise. Utilisé pour sa viande et son lait, mais également pour la traction dans les champs, le transport des récoltes et des habitants, le bœuf Moka imprègne le quotidien des créoles.
Aujourd’hui, la société réunionnaise s’étant modernisée, le bœuf Moka devient une espèce oubliée, reléguée au rang de relique. Le nom “Moka” n’évoque que très rarement quelque chose aux jeunes générations. Les petits effectifs de bœufs Moka sont cantonnés à la côte Ouest. Les systèmes de production locaux, traditionnels et nomades, peu étudiés tendent à disparaître face à une urbanisation grandissante diminuant les zones de pâture des troupeaux.
S’appuyant sur une demande croissante de production de viande, de lait et de fumier biologique, l’APPER apporte son soutien et son savoir-faire aux éleveurs de bœuf Moka pour la reconnaissance et la sauvegarde de cette race. Les objectifs d’une reconnaissance de race sont pluriels. D’une part sauvegarder une partie de notre patrimoine écologique et historique, d’autre part l’intégrer dans une dynamique économique pérenne.
Grâce à des financements leader et à la contrepartie du Conseil Départemental un dossier de demande de reconnaissance officielle de la race bovine Moka a été déposé auprès de la Commission Nationale d’Amélioration Génétique (CNAG), en février 2015. Puis des compléments d’information en juin 2015. La vache Moka est reconnue officiellement comme race locale et menacée d’abandon pour l’agriculture en avril 2016.
Des réunions de concertation sont en cours avec les éleveurs afin de définir les actions prioritaires pour 2017. La création d’un comité de pilotage pour la sauvegarde de la race Moka au sein de l’APPER est en cours de création.
En 2017, trois stagiaires de la Licence Pro d’Agronomie de l’Université de la Réunion effectuent une typologie des élevages (inventaire des effectifs, localisation des éleveurs, caractérisation des systèmes d’élevage) et auront pour objectifs de définir une ou des stratégies collectives d’acteurs pour le développement de cette race locale.
La Chèvre Péï
La chèvre réunionnaise se nomme La chèvre Péï. Cette race locale a été officiellement reconnue comme race à faible effectif et inscrite au catalogue des races autorisées en France (journal Officiel, 03/01/2012, texte 23). Ses effectifs estimés à 1000-1500 têtes soit de 3 à 5% des caprins présents à la Réunion sont en nette diminution. En effet des croisements d’absorption avec d’autres races exotiques menacent de faire disparaitre cet animal très adapté à son milieu. Cependant il est encore temps d’agir mais il est urgent de mettre en place des actions concrètes. C’est pourquoi l’APPER a fait une démarche auprès de Capgènes afin d’être mandatée pour la tenue du livre généalogique de la chèvre Péï. Le projet consiste à rassembler suffisamment d’animaux pour constituer un troupeau de sauvegarde. Ce noyau de cabris Péï permettra de rendre visible la race et de sensibiliser la population à sa sauvegarde.
La chèvre Péi est une race à viande présentant de très bonnes qualités maternelles. Elle est caractérisée par une forte rusticité, caractéristique qui lui a permis de survivre dans des conditions d’élevage difficiles : les contraintes sont à la fois climatiques, alimentaires et sanitaires. C’est une population qui valorise les fourrages, feuillages et aliments grossiers, généralement en pâturage libre sans réelle conduite du troupeau. Elle est particulièrement adaptée aux zones difficiles de l’île de la Réunion, présentant des reliefs accidentés et des ressources fourragères variables en quantité et en qualité.
Document de présentation du cabri péï, CIRAD, Olivia FONTAINE, année 2017
Le vétiver
Le vétiver ou « vétyver » est une plante de zones tropicales. Plusieurs espèces différentes sont localisées en Afrique, en Inde et en Chine. Le nom vétiver proviendrait du tamoul « vettiveru ». Cette plante est utilisée sous forme d’huile essentielle après distillation, et fait l’objet de multiples utilisations.
Utilisé en Afrique et en Inde par les agriculteurs pour délimiter leurs parcelles, les haies de vétiver ont également la faculté de limiter l’érosion des sols. Le vétiver est adapté à des conditions climatiques arides et se contente de peu d’eau. Sa paille peut servir de matière première à la confection d’objets d’artisanat (chapeau, panier, tapis etc…). Sous forme de petits fagots, le vétiver séché devient une excellente paille de chaume pour les toitures.
Depuis quelques années, l’APPER tente par le biais de formations et de chantiers solidaires de faire connaître le vétiver, de développer sa culture et son utilisation par les habitants de l’île de la Réunion. Ces actions de transmission de savoirs et de pratique ont permis la construction d’une « cabane marron » dont le toit est en chaume de vétiver.
Les nombreuses vertus médicinales et usuelles du vétiver sont connus de nos anciens depuis des décennies. Cependant, comme tout savoir, sans transmission de génération en génération, les connaissances et les usages liés au vétiver se perdent. L’APPER souhaite valoriser le vétiver sous ses multiples formes (essences, racines, pailles tressées…) et permettre sa réappropriation par le plus grand nombre de réunionnais.
Le vétiver, quel avenir pour notre territoire, Acte du Colloque, 8 novembre 2007